Tout ce qu’il faut savoir sur les élections législatives au Canada

Texte publié le 19 octobre 2015 sur le site lemonde.fr

Le 19 octobre, 26,4 millions de Canadiens éliront les députés « fédéraux » (338 au total) de la Chambre des communes, selon un scrutin uninominal à un tour. Monarchie constitutionnelle, dont le souverain est la reine Elizabeth II, le Canada a pour chef de l’exécutif un premier ministre, qui est normalement le chef du parti ayant obtenu la majorité lors des élections législatives.

Les conservateurs, qui ont pris le pouvoir à Ottawa en 2006 et formé un gouvernement à deux reprises depuis, briguent un quatrième mandat. Leur chef, l’actuel premier ministre Stephen Harper, a déclenché le 2 août la plus longue campagne électorale de l’histoire canadienne : soixante-dix-huit jours. Ce qui ne semble pas avoir réduit l’ardeur des Canadiens, dont le taux de participation au vote par anticipation a atteint un record, en hausse de 71 % par rapport à 2011.

  • Une campagne qui impose les libéraux face aux démocrates

Selon les derniers sondages, le Parti libéral du Canada (PLC, centre) est passé de la troisième à la première place dans les intentions de vote avec 38 % des voix, contre le Parti conservateur du Canada (PCC) crédité de 30 % et le Nouveau Parti démocratique (NPD, social-démocrate), avec 22 % des voix.

La campagne a été désastreuse pour le NPD, parti largement gagnant au départ, mais dont les appuis se sont effrités en deux mois, tandis que le PLC grimpait et que son jeune chef Justin Trudeau gagnait en popularité. Le chef du NPD, Tom Mulcair, a notamment été très critiqué pour sa prise de position en faveur du port du niqab pour aller voter, tandis que M. Harper a été accusé par certains de manque de compassion pour l’accueil de réfugiés syriens. Les derniers jours de la campagne se sont concentrés en Ontario, dans la grande région de Toronto, où les électeurs sont très courtisés par les chefs libéral et conservateur. De leur vote dépend, selon les politologues, la formation d’un gouvernement majoritaire ou minoritaire.

L’économie et l’état des finances publiques figurent largement au premier rang des préoccupations des Canadiens, selon un sondage réalisé début octobre. Les politiques sociales et la gouvernance du pays arrivent en deuxième position, devançant la sécurité nationale et la place du Canada dans le monde.

  • Les quatre principaux candidats en lice

Stephen Harper, 56 ans, est un élu de Calgary en Alberta. Il a mené les conservateurs au pouvoir en 2006, puis 2008 et 2011. Il a profondément modifié l’image du Canada, l’engageant comme allié de l’OTAN en Afghanistan et en Libye, puis dans la lutte au groupe Etat islamique en Syrie et en Irak. Après avoir renié le Protocole de Kyoto, M. Harper a mis les freins à un engagement sérieux du Canada dans la lutte aux changements climatiques, ne voulant pas porter ombrage à la florissante industrie des sables bitumineux de l’ouest du pays.

Justin Trudeau, 43 ans, est le fils d’un des hommes politiques les plus illustres du pays, l’ancien premier ministre Pierre Elliott Trudeau. Il a été élu député libéral en 2008 à Montréal. En 2013, il prend la tête du Parti libéral du Canada, plutôt moribond depuis sa défaite de 2008. S’il n’a pas tellement brillé par ses idées depuis 2008, la campagne électorale semble l’avoir galvanisé. Il a su bien expliquer son programme et incarner une image de renouveau en politique.

Tom Mulcair, 60 ans, a débuté sa carrière politique sur la scène québécoise, occupant notamment le poste de ministre libéral de l’environnement avant de se lancer en politique fédérale sous les couleurs du Nouveau Parti démocratique. Nommé chef du parti en 2011, il devient cette année-là chef de l’opposition officielle à Ottawa, après un raz-de-marée électoral au Québec.

Gilles Duceppe, 68 ans, figure de proue du mouvement indépendantiste québécois à Ottawa pendant vingt ans, il a dirigé le Bloc québécois (défenseur des intérêts du Québec à Ottawa) de 1997 à 2011. Le parti, qui ne présente des candidats qu’au Québec, s’est effondré en 2011, emporté par une vague néodémocrate. Après s’être éclipsé de la scène politique, M. Duceppe a repris la tête du Bloc québécois en juin, espérant que les électeurs québécois lui feront de nouveau confiance.

  • Les programmes des trois principaux partis

Le conservateur Stephen Harper a deux mantras : renforcer l’économie et la sécurité nationale. S’appuyant sur son bilan économique, il refuse d’augmenter le fardeau fiscal des Canadiens et les taxes à la consommation. Il promet l’équilibre budgétaire, une baisse de l’impôt des PME et des investissements de 84 milliards de dollars canadiens (57,2 milliards d’euros) sur dix ans dans les infrastructures. Ardent défenseur de la lutte contre le terrorisme « djihadiste » sur le plan international, il veut maintenir au Canada la ligne dure envers les criminels et un strict contrôle des entrées d’immigrants et de réfugiés.

Le libéral Justin Trudeau veut donner un coup de pouce aux familles et à la classe moyenne, à qui il promet des baisses d’impôts, alors que ceux des plus riches augmenteraient. Il investirait massivement dans les infrastructures pour relancer l’économie, avec un déficit public pour les trois prochaines années. Il prône une politique plus ouverte en faveur de l’accueil de réfugiés.

Le néodémocrate Tom Mulcair se présente comme un social-démocrate. Il promet des aides à la classe moyenne, le déficit zéro après un exercice, une baisse de l’impôt des PME et une hausse pour les grandes entreprises, ainsi qu’un programme d’infrastructures de 2,8 milliards de dollars canadiens. Il se prononce pour l’arrêt de la participation canadienne aux bombardements en Syrie.

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À propos de Anne Pélouas

Journaliste-blogueuse au Canada, d'origine française, je suis correspondante du quotidien français Le Monde. J'écris aussi pour différentes publications québécoises et françaises, avec le tourisme, le plein air et la gastronomie pour sujets de prédilection. J'ai ouvert un second blogue en janvier 2016: Grouille pour pas qu'ça rouille. Spécial baby-boomers actifs !

2 réponses à “Tout ce qu’il faut savoir sur les élections législatives au Canada”

  1. Peter Dunn dit :

    Le nom de famille de son grand pere maternel s’ecrivait Sinclair

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