Forum social mondial : Naomi Klein s’en prend aux belles paroles de Justin Trudeau
Article publié le 15 aout 2016 sur le monde.fr
Même s’il n’a pas connu une affluence record, avec 35 000 participants de 125 pays au lieu des 50 000 attendus, le Forum social mondial (FSM) s’est clos, dimanche 14 août, à Montréal (Canada), sur une note positive : celle du resserrement des troupes altermondialistes en vue de nouvelles actions internationales. Il a aussi servi de tribune de choix à ceux qui estiment que le premier ministre canadien, Justin Trudeau, au pouvoir depuis neuf mois, ne remplit pas ses promesses, notamment sur le front de la lutte contre les changements climatiques.
Plusieurs leaders altermondialistes canadiens ont profité de ce forum « anti-Davos » pour appeler à une remobilisation des troupes sur les grands enjeux climatiques. Ils s’inquiètent particulièrement de voir Ottawa entériner le projet d’oléoduc Energie Est, qui doit amener le pétrole issu des polluants sables bitumineux de l’Alberta à l’océan Atlantique.
Ce rejet des énergies émettrices de gaz à effet de serre était également l’objet de la conférence « Changer le système, pas le climat » de la journaliste et essayiste canadienne Naomi Klein, qui a attiré les foules. A la tête du mouvement pour la justice climatique Un bond vers l’avant, elle a pourfendu ceux qui, Canada en tête, suggèrent qu’on ne peut se passer de l’exploitation d’énergies fossiles et des emplois associés. Elle a évoqué le cas de l’Allemagne, un pays ayant opéré une « incroyable transition énergétique ».
Evasion fiscale et nucléaire
Au Canada, au contraire, les belles paroles de M. Trudeau ne se traduisent pas par des mesures concrètes de lutte contre le changement climatique. Dans ce dossier comme dans d’autres, souligne-t-elle, il multiplie les consultations et études : « J’ai peur qu’à la fin on se rende compte qu’elles n’ont servi qu’à démobiliser les mouvements citoyens. » Prenant l’exemple du président américain, Barack Obama, qui a suscité espoir, démobilisation puis déception des écologistes, elle craint que la même histoire ne se répète avec M. Trudeau.
Au Canada, participation décevante au premier «anti-Davos» dans un pays riche
Article publié le 11 aout 2016 sur lemonde.fr
Une grande marche colorée a marqué, mardi soir 9 août à Montréal, l’ouverture du 12e Forum social mondial (FSM), le premier organisé dans l’hémisphère Nord. Ce choix du Canada, pays membre du G7, pour organiser un « anti-Davos » avait été critiqué par plusieurs organisations altermondialistes, notamment africaines. Il a entraîné une certaine désaffection de participants venus de pays du Sud, rebutés par les coûts élevés du FSM.
Les militants s’engagent mercredi dans un marathon de discussions en ateliers et lors de grandes conférences portant sur les axes stratégiques du mouvement : démocratie, migrations, libre-échange, finance, évasion fiscale, lutte contre le changement climatique. L’extraction des énergies fossiles, l’autodétermination des autochtones ou les droits de la communauté LGBT figurent aussi parmi les sujets abordés.
Objectif : « Construire des alternatives concrètes au modèle économique néolibéral et aux politiques fondées sur l’exploitation des êtres humains et de la nature. » Les militants tiendront 26 « assemblées de convergence » menant, samedi, à une « agora des initiatives pour un autre monde » puis le lendemain, au dévoilement de stratégies d’actions assorties d’un calendrier. Une nouveauté pour le mouvement né à Porto Alegre, au Brésil, en 2001.