archive | Culture RSS pour cette section

La radicalisation se combat d’abord dans la vie réelle

Article publié sur le monde.fr le 8 novembre 2016

Analyse. Les individus radicalisés ont en commun de manquer de perspective. Améliorer leur sort éducatif et économique serait le premier rempart contre la radicalisation. L’école est un lieu privilégié pour la prévention.

Les « milléniums », ces jeunes nés après 1980, ont à peine connu la vie sans Facebook, YouTube, Twitter, Instagram et autres Telegram, devenus leurs principaux vecteurs de communication et d’information. Avec des équipes de communication hors pair, des groupes terroristes comme l’organisation Etat islamique (EI) se servent allègrement de ces réseaux sociaux pour diffuser leur propagande et recruter.

Nombreux sont ceux qui prônent, pour lutter contre la radicalisation des jeunes, de combattre les djihadistes sur leur propre terrain virtuel. Mais bloquer des sites et contrer la propagande par des discours alternatifs, est-ce la bonne méthode ? Les experts réunis à la conférence internationale « Internet et la radicalisation des jeunes », organisée du 30 octobre au 1er novembre par l’Unesco et le Québec, étaient partagés sur le sujet. Mais ils se sont accordés sur un point : il est impossible d’enrayer le phénomène seulement sur Internet ; c’est dans la vie réelle de ces jeunes qu’il faut surtout agir.

« Il n’existe pas de preuve d’un lien direct entre radicalisation des jeunes et propagande en ligne », affirme Séraphin Alava, professeur en sciences de l’éducation à l’université de Toulouse. Internet agit comme un accélérateur de la radicalisation de jeunes vulnérables, « en souffrance sociale », selon l’expression de Cécile Rousseau, professeure au département de psychiatrie de l’université McGill.

La réplique facile des gouvernements à la propagande djihadiste a été de réclamer des géants du Net qu’ils retirent de tels contenus. Plusieurs, comme la secrétaire d’Etat française chargée de l’aide aux victimes, Juliette Méadel, militent encore avec force pour une politique plus proactive dans le repérage et le retrait de contenus extrémistes. Mais la censure est inefficace, conviennent la plupart des spécialistes.

Un combat perdu d’avance

Chaque minute, 570 sites sont mis en ligne et soixante-dix heures de contenu débarquent sur YouTube. Maîtriser ce flux d’informations est un combat perdu d’avance. « La censure ne fonctionne pas et, de toute façon, Internet n’est pas la cause de la radicalisation », martèle Ross Lajeunesse, responsable mondial de la liberté d’expression et des relations internationales de Google.

Lire la Suite…

Canada : une nouvelle génération aux manettes

Article publié dans la revue Politique internationale, no 152

Il a l’allure d’un jeune premier athlétique qu’on verrait plutôt acteur, rock star ou GO au Club Med ; mais le nouveau premier ministre canadien, Justin Trudeau, a démontré, quelques mois seulement après sa brillante élection, le 19 octobre dernier, à quel point il pouvait être un fin renard en politique. L’homme diffère profondément de son prédécesseur, le conservateur Stephen Harper… mais aussi de bien d’autres responsables politiques à travers le monde ! Partout où il passe, de Vancouver à Toronto, de Manille à Paris, le quadragénaire distille un vent de fraîcheur. Sera-t-il happé par la « machine » politicienne canadienne ou frappé par cette torpeur diplomatique qui fige souvent les relations internationales ? Saura-t-il concrétiser l’espoir qu’il incarne pour une majorité de Canadiens et faire perdurer la vive sympathie qu’il s’est déjà attirée auprès des grands de ce monde ?

Ce qui est sûr, c’est que, au cours des six premiers mois de son mandat, Justin Trudeau a pris quelques décisions annonciatrices d’un vrai changement de cap : accueil de réfugiés syriens ; retrait des troupes canadiennes de combat en Syrie ; nouvelle collaboration avec les peuples autochtones ; accroissement substantiel de l’aide de l’État à la classe moyenne ; lancement d’un grand programme d’infrastructures ; sans oublier la mise en oeuvre d’une réforme électorale. Il promet de propulser le pays dans la modernité, qu’elle soit numérique, culturelle, politique ou écologique. Reste à transformer l’essai.

« Nous avons battu la peur avec l’espoir et, ce soir, le Canada retrouve un peu de lui-même. » Cette phrase, que M. Trudeau a prononcée au soir de sa victoire électorale, résume bien l’état d’esprit actuel de ceux qui l’ont choisi. En ce fringant premier ministre libéral, sorte d’Obama canadien, ils retrouvent plusieurs des valeurs profondes qui les unissent (importance de la diversité culturelle, art du compromis, respect de l’autre, protection de la nature…). Son arrivée aux manettes est synonyme d’espoir de jours meilleurs pour eux, pour leur famille, pour le monde. Ce n’est pas rien.

Après une décennie de gouvernement conservateur marquée par l’obsession sécuritaire, la centralisation du pouvoir et la frilosité sur diverses questions morales ou sociales, Justin Trudeau a déjà réussi l’impossible : ramener les Libéraux au pouvoir à Ottawa et proposer sa vision d’un Canada moderne, animé d’idées nouvelles et d’un profond humanisme.

Le parcours d’un homme libre

Le jeune Justin a baigné depuis sa tendre enfance dans la politique mais, aussi, dans les turbulences d’une vie parentale dont les frasques firent les délices de la presse à sensation. L’image du père, Pierre Elliott Trudeau, chef du gouvernement fédéral de 1968 à 1979, puis de 1980 à 1984, lui colle à la peau. Il s’agace qu’on l’y compare sans cesse et a toujours aspiré à se faire un prénom (1). Leurs différences de personnalité sont notables. L’un était un intellectuel autoritaire, l’autre est un homme de terrain qui apprécie le contact humain. Quant au bagage familial de Justin Trudeau, il n’est nullement négligeable (2). Il est même essentiel, pour comprendre les ressorts de sa personnalité, de prendre la mesure de l’héritage que lui ont légué ses deux parents, mais aussi son grand-père maternel, Jimmy Sinclair, député dans les années 1940 et ministre des Pêches de 1950 à 1957, auquel il voue une admiration sans borne. Ayant vécu toute son enfance sous les feux de la rampe, habité le 24, Sussex Drive à Ottawa (résidence officielle du premier ministre), accompagné son père lors de grands voyages officiels, Justin Trudeau fait partie du paysage politique canadien depuis sa naissance, à l’instar des Kennedy aux États-Unis.

Il aime plaire. Et gagner. Gagner comme à la boxe, son sport favori, en usant de stratégie et de concentration, en évitant les mauvais coups, en se relevant s’il en prend un… Plaire, aussi, comme il a toujours voulu plaire à sa mère, cette grande absente d’une partie de sa jeunesse. Il a un fort besoin d’aller à la rencontre des autres et de se faire aimer, note Jonathan Kay, rédacteur en chef du Walrus Magazine (3). Comme un reliquat d’une enfance tourmentée par le divorce parental…

Lire la Suite…

La partie émergée de l’iceberg : des romans groenlandais

Article publié sur LE MONDE DES LIVRES le 30 mars 2016

De véritables curiosités et la réparation d’un oubli. Dans la collection « Jardin de givre » des Presses de l’Université du Québec, distribuées en France, viennent de paraître trois romans groenlandais : Je ferme les yeux pour couvrir l’obscurité (188 p., 16 €), de Kelly Berthelsen, Le Rêve d’un Groenlandais (162 p., 15 €), de Mathias Storch, et Trois cents ans après (172 p., 14 €), d’Augo Lynge. Ces œuvres ont pour points communs d’être signées par des autochtones, contrairement aux écrits des explorateurs européens et des colonisateurs danois, et de mélanger allègrement les genres littéraires : science-fiction, autobiographie, pamphlet politique, roman policier…

Méconnue à l’extérieur de l’île arctique et du Danemark, qui a, pour sa part, multiplié les traductions, la littérature groenlandaise est «la plus mature et la plus vivante» parmi la création circumpolaire inuite, voire la littérature autochtone mondiale, estime l’universitaire canadien Daniel Chartier. La mise en valeur de ce patrimoine résulte d’une coopération que ce professeur de littérature à l’Université du Québec, à Montréal, qui dirige le Laboratoire international d’étude multidisciplinaire comparée des représentations du Nord, a nouée avec l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines.

Lire la Suite…

Quelques bonnes adresses bruxelloises

cycliste

On dort dans un train ? Au Train Hostel, dans le quartier Schaerbeek, pas très loin de la gare du Nord : une auberge bien originale où l’on dort dans une couchette, une cabine ou une suite de vrai train…

Pour manger typiquement belge sans se ruiner: au T’Kelderke, 15, Grand Place

Pour découvrir un resto de quartier, près du Palais Royal, offrant notamment d’excellents chicons au gratin: Le Schievelavabo, 52, rue du Collège Saint-Michel.

Pour dormir sur ses deux oreilles au centre-ville: Ibis Centre Sainte-Catherine. Chambres petites mais très fonctionnelles; petit déjeuner-buffet pantagruélique; accueil hors-pair.

-On se déplace en vélo: le Villo! est le frérot du Vélib parisien, aussi facile d’utilisation et tellement libérateur. Idéal pour partir le nez au vent se balader dans Bruxelles et découvrir ses trésors cachés, petites rues, bords de canal, passages couverts… mais attention aux mollets , il y a du relief dans certains quartiers !

L’art urbain a désormais pignon sur rue à Bruxelles

IMG_2209

Bruxelles a un nouveau petit musée, entièrement consacré à l’art urbain et original à plus d’un titre. Le MIMA (Millenium Iconoclast Museum of Art) a été inauguré le 15 avril mais j’ai eu la chance de le visiter en primeur en marge du Salon des blogueurs WAT16, début avril. Il plaira à tous ceux qui s’intéressent aux arts non conventionnels… J’ai bien aimé d’abord le bâtiment lui-même, sur le Quai du Hainaut, à 15 minutes à pied au nord de la Grande Place de Bruxelles. Rien de baroque ici, plutôt une ancienne brasserie toute de briques vêtue, avec une jolie terrasse. A l’intérieur, un sympathique restaurant occupe le hall d’entrée. Puis, on entre dans une enfilade de salles d’expositions, sur quatre étages, cave non comprise !

FullSizeRender

L’idée des concepteurs était de réunir ici des œuvres représentant les vingt dernières années de création artistique, la culture 2.0 avec ses artistes qui n’ont plus besoin de galerie, qui exposent dans la rue, vendent leurs œuvres en direct sur internet… Lire la Suite…

À Vancouver, la tante du petit Aylan va accueillir une partie de la famille Kurdi

Article  publié sur le monde.fr le 19 décembre 2015

Malgré ses cauchemars, Tima Kurdi a désormais de quoi sourire. La tante du petit Aylan, retrouvé sans vie sur une plage turque le 2 septembre et dont la photo a fait le tour du monde, accueillera le 28 décembre, à Vancouver, une partie de sa famille syrienne. La maison est décorée pour Noël, qu’elle célèbre chaque année avec mari et fils, même s’ils sont musulmans. Leur « vrai » cadeau arrivera trois jours plus tard par avion.

Tima Kurdi en a fait l’annonce, dimanche 13 décembre, après avoir reçu confirmation de la date par le ministère canadien de l’immigration, des réfugiés et de la citoyenneté, qui a réservé des billets pour faire venir son frère Mohammad, sa femme et leurs cinq enfants, âgés de 5 mois à 16 ans, en tant que réfugiés syriens. « Je leur ai téléphoné. Les enfants se sont mis à crier, puis tout le monde a pleuré », a-t-elle raconté.

Son autre frère, Abdullah, père d’Aylan, qui a aussi perdu sa femme et un second fils dans un naufrage en Méditerranée, a choisi de ne pas venir au Canada, malgré l’invitation qui lui en était faite par Ottawa. Il vit dans le nord de l’Irak où il tente, avec l’aide du gouvernement régional kurde, de mettre en place un centre pour de jeunes réfugiés syriens. Lire la Suite…

Londres dans le temps des fêtes, version nocturne

The London Eye

The London Eye

Dans Waterloo, le London Eye est tout de rouge vêtu la nuit. Cette grande roue du bord de la Tamise impressionne tout autant que Big Ben qui se détache dans le ciel, avec ses lueurs vertes. Rouge, vert, les couleurs de Noël !

Le pont de Westminster franchi, on rejoint la célèbre Abbaye, le joli square du Parlement avec ses nombreuses statues. Au hasard de la balade dans ce quadrilatère restreint, on transcende les styles d’architecture : gothique, Beaux-Arts, victorien, classique… De Scotland Yard, le guide nous emmène sur Whitehall, la grande avenue des ministères, avec arrêt devant Downing Street, où loge le Premier ministre britannique. La rue est bien gardée et l’on passe vite son chemin.image

Trafalgar Square n’est pas loin. Sur la place ultra-animée, les typiques noirs taxis londoniens rivalisent avec les bus à deux étages, aussi rouges que les cabines téléphoniques, tandis que de nombreux cyclistes se fraient encore un passage dans la circulation dense. La National Gallery domine le fond de Trafalgar Square. Je ne verrai pas de nuit, mais très bien le lendemain, le magnifique bâtiment de la Maison du Canada. Haut-lieu du Haut Commissariat du Canada au Royaume-Uni, il borde la place, laissant aussi flotter au vent ses drapeaux feuille d’érable sur la grande avenue menant à Buckingham Palace. image

Il est temps de rentrer au bercail. Les bords de la Tamise sont bien éclairés, tout comme le petit marché de Noël installé sur le quai, à deux pas du London Eye et du premier Inn, notre sympathique hôtel. premier2-2986

 

Le plus : un tour guidé, en soirée, dans le quartier Waterloo-Westminster avec Mark Stevenson (mark51n@hotmail.com)

Pour aller plus loin: Guide Ulysse (version numérique) Escale à Londres

J’y étais à l’invitation des hôtels Premier InnDSCN4232

 

 

Londres dans le temps des fêtes, version diurne

premier2-3465

C’est plein de paillettes; ça déborde de décorations « chargées » dans les vitrines et l’intérieur des grands magasins… mais Londres est si colorée en extérieur qu’on lui pardonne de trop en faire pour plaire.imagepremier2-3754

J’ai bien aimé, justement, me balader à pied dans le centre-ville (c’est si facile), de jour comme de nuit.

De jour, c’est à partir de Buckingham Palace que notre groupe a entrepris son périple. Dans la foule venue assister à la relève de la garde, nous avons perdu un journaliste allemand… jusqu’au souper !premier2-3297

Les policiers ne rigolent pas avec la sécurité. Pas question de traîner dans le corridor de passage devant les grandes grilles du Palais. J’ai dit coucou à ma reine (du Canada) en passant rapidement devant, pour traverser vers Green Park, juste avant que deux carrosses royaux se pointent sous nos yeux ! Leurs occupants ? Inconnus au bataillon…premier2-3377

La traversée du parc nous a menés jusque’à Picadilly Street. L’artère vibrante a son lot de beaux magasins, dont le Fortnum and Mason. En dix minutes, j’ai fait tous les étages débordant de victuailles de Noël, d’objets et de vêtements de grandes marques… au pas de course. A l’avant-dernier, il y a un superbe salon de thé, avec pianiste !premier2-3421

imagePâtisserie Valérie, The Wolseley (meilleur petit déjeuner en ville selon les connaisseurs), Ritz, passage couvert, arcades… Picadilly Street resplendit de boutiques et établissements chics au couleurs du temps des fêtes. Pas besoin d’acheter pour s’en mettre plein la vue !

Pour aller plus loin: Guide Ulysse (version numérique) Escale à Londres

J’y étais à l’invitation des hôtels Premier Inn: http://www.premierinn.com 

 

 

Retour sur images du Québec authentique (Mauricie-Lanaudière):2ème épisode

P1170541 - CopieRien de tel qu’une bonne journée de grisaille en cette fin d’automne au Québec pour se remémorer des souvenirs plus colorés. Comme ceux qui me restent si bien en mémoire d’une virée en octobre sur le site Atikamekw de Matakan dans la région de Lanaudière. Deuxième épisode…

Dormir sous un tipi

A peine débarqué de l’hydravion, on fait le tour du « propriétaire » en transportant nos bagages sous un grand tipi garni de branches de conifères odorantes. La presqu’île abritant le campement traditionnel n’est pas large, le vent souffle fort et il fait un froid de canard. On attendra longtemps en soirée un groupe de musiciens venu en bateau de Manawan, le village de la communauté Atikamekw. Trop de vent, les « Black Bear » arriveront juste avant notre départ le lendemain pour un joyeux concert !

De mai à octobre, le site de Matakan accueille des visiteurs en bordure du grand lac Kempf. Nous sommes à 220 kilomètres à vol d’oiseau de Montréal, au nord de la région de Lanaudière. Un autre monde pourtant qu’on découvre à petites doses au hasard de nos conversations avec Yann, vingt ans, qui sera notre guide, Norbert , notre chef-cuisinier, ou Nazaire le pêcheur.

DSCN4114 - Copie - Copie

La pêche miraculeuse au lac Kempf

Le Québec authentique, c’est ici qu’il se vit, avec une frange de sa population trop souvent négligée… ou mythifiée ! Les Indiens d’aujourd’hui gardent leurs traditions bien vivantes mais ils sont aussi pleinement intégrés dans la vie moderne. A Matakan, à raison de 14 clients sur place à la fois, on a le temps de vraiment découvrir le lieu et les gens. Ces rencontres sont en effet le suc, la quintessence de tels séjours en nature, au milieu de nulle part.

Avec Yann, on est servi ! Dès l’arrivée, il nous reçoit autour d’un grand feu de bois extérieur, construit en forme de tortue, sorte d’emblème traditionnel, avec une carapace pour flotter et des pattes « comme des pagaies » pour avancer. Plus tard, il nous montrera comment les Atikamekw sculptent des dessins sur des morceaux d’écorce qui décoreront des objets artisanaux, dont de très jolis paniers.

Après un bon repas où le gibier est à l’honneur, le groupe embarque en soirée dans un canot rabaska. A nous les rames pour un petit tour sur l’eau et sous les étoiles ! Dans la nuit noire, Yann le conteur n’a pas son pareil pour envoûter les visiteurs.

C’est à la lampe frontale ensuite que les plus courageux prennent le chemin du grand tipi. Un feu brûle au centre mais la température ne dépasse pas zéro à l’intérieur de la tente. Pourtant, ce sera une nuit de rêve passée au fond d’un bon sac de couchage. L’œil ouvert de temps en temps perçoit les flammes mouvantes. Une bonne âme a maintenu le feu en activité toute la nuit !

Le lendemain, Yann nous conduit a à pied sur un petit sentier, s’arrêtant souvent pour nous parler des vertus médicinales ou autres des plantes et des arbres qui nous entourent. Par ici la gomme d’épinette servant autant de colle naturelle que de pansement sur les plaies quand on la mélange à de la graisse d’ours. Par là la belle mousse qui, séchée et bouillie, servait autrefois de couches pour les bébés ou d’éponge à vaisselle. Les racines d’épinettes se ramollissent et se coupent dans le sens de la longueur pour servir de corde pour le canot ou les paniers; le plantain s’applique bouilli sur les plaies, le pin rouge, le thé du Labrador ou le sorbier se distillent en tisane. La forêt est un vrai trésor dont on ne soupçonne pas le contenu !

Ce jour-là, nous irons aussi pêcher avec Nazaire, autre conteur… d’histoires de pêche ! Il a « planté » la veille deux filets dans une grande baie. Nous partons les relever en bateau. Ce sera la pêche miraculeuse : dorés, brochets, carpes. Quand il relève son filet, c’est le festival du gros poisson d’eau douce !DSCN4098 - Copie - Copie

En rentrant, arrêt requis au bord d’une falaise. Yann nous montre à même la roche des pétroglyphes attestant d’un présence humaine depuis au moins 3.000 ans. Second arrêt à la belle petite île de l’Amour. Elle est réservée aux couples en voyages de noce, avec guide, bateau et évidemment conjoint exclusif ! Comme chambre nuptiale, le tipi sur plateforme est magnifique et on y promet du luxe avec déco traditionnelle de qualité! En plus d’une offre de mariage à la mode Atikamekw, par le chef de la communauté et, si l’on veut, en costumes traditionnels fabriqués sur mesure.

L'île de l'Amour

L’île de l’Amour

 

Retour sur images du Québec Authentique (Mauricie-Lanaudière) – 1er épisode

Rien de tel qu’une bonne journée de grisaille en cette fin d’automne au Québec pour se remémorer des souvenirs plus colorés. Comme ceux qui me restent si bien en mémoire d’une virée en octobre sur le site Atikamekw de Matakan dans la région de Lanaudière.

Premier épisode : embarquement immédiat à bord d’un hydravion sur la rivière Saint-Maurice, aux allures de grand fleuve.
Le site d’Hydravion Aventure est idéal pour une envolée vers le nord. J’adore ces hydravions, véritables coucous de brousse qui ressemblent un peu à ma première 2 CV des années 1970: les pièces de la carlingue tiennent avec des boulons, des écrous ou des rivets, et on fait presque corps avec les éléments extérieurs, surtout le vent ! Mais ce sont les meilleurs…

Manque de chance : il pleut quand nous nous préparons à embarquer. Retour au pavillon d’accueil. C’est l’occasion de prendre le temps : pour admirer la déco intérieure bien léchée du bâtiment tout nouveau, tout neuf, et faire connaissance avec les proprios d’Hydravion Aventure. Alain et Laure sont venus de France s’installer au bord du Saint-Maurice. Lui a été pilote de Mirage dans l’armée française. Le voici bien au calme, jeune retraité fringuant mais plein de projets pour faire rouler cette belle entreprise aérienne qui compte plusieurs Beaver, Piper et Cessna amarrés au quai. Ils sont toujours prêts pour les apprentis-pilotes, pour un survol de la région, un safari nordique dans les Torngats, un petit forfait avion-motoneige ou hydravion-canot. Ou pour aller comme nous rendre visite aux Atikamekw de Manawan…

En décollage sur le Saint-Maurice

En décollage sur le Saint-Maurice

C’est parti ! Avec Xavier, à l’accent de Bayonne, lui aussi ancien pilote de Mirage français, on est entre de bonnes mains. Le décollage sur la rivière est un vrai bonheur : après quelques minutes pour réchauffer le moteur, l’hydravion s’avance gentiment sur l’eau avant de prendre son élan, puis il s’élève dans les airs avant d’attendre sa vitesse de croisière (160 km/h). Comme il demeure à 300 mètres d’altitude, on a tout le loisir d’admirer le paysage. GRANDIOSE !

 

D’abord, il y a cette rivière majestueuse dont on suit le cours vers le nord de la Mauricie, bordée de forêts en feu, aux couleurs de l’été des Indiens. Très vite, bye bye la civilisation. Les villages se font plus rares, puis ce seront les chalets, les camps de pêche blottis dans le creux d’une baie. On s’enfonce vers le nord, les traces humaines se limitent à une piste perdue, long ruban de gravier qui tranche le paysage au scalpel: des collines à la végétation chargée de couleurs (jaune, orange, rouge, vert); des épinettes serrées comme des sardines; des lacs rond, en croix, longiligne, avec ou sans îles, à perte de vue. Dont l’immense Wapizagonke, du parc national de la Mauricie, que j’ai souvent « canoté ». Comme les tentacules du grand réservoir du Lac Taureau où j’ai fait du kayak-camping bien des fois, le voir de haut plutôt qu’au ras de l’eau est une expérience magique.

La forêt, entre automne et hiver

La forêt, entre automne et hiver

Ici, les conifères scintillent, drapés d’une fine neige tombée dans la nuit. Là, c’est un camaïeu de couleurs forestières qui forme une peinture grandeur nature sous nos yeux. Là-bas, des lacs frissonnent sous le vent. On vit en accéléré le passage de l’automne à l’hiver, les feuillus de moins en moins feuillus, les conifères givrés…

Théâtre d’ombre, théâtre d’illusion ? Je crois voir un troupeau d’animaux en mouvement. Ce n’est que l’ombre d’un bouquet d’épinettes sur l’eau qui bouge à la vitesse de l’hydravion! Une heure plus tard, les yeux grands ouverts, on surplombe la rive du réservoir Kempf. Le pilote vire à gauche, tourne en rond dans le ciel au-dessus de la presqu’île de Matakan, petit bout de terre perdu dans l’immensité aquatique. Il amorce sa descente, rasant la cime des arbres, pour finir sur l’eau, frein naturel, dans un joyeux tremblement. Nous sommes arrivés à bon port. En territoire Atikamekw.

Forfait vedette d’un trio de choc de mai à octobre: Le Baluchon Eco-Villégiature/Tourisme Manawan/Hydravion Aventure ; http://www.hydravion.ca/index.php/fr/nos-forfaits/excursions.html

Manawan

 

 

DSCN4083 - Copie - Copie