Le ministre des finances canadien Bill Morneau a déposé à la Chambre des communes, mercredi 22 mars, un budget en « continuité » avec le précédent, lequel visait la relance économique par le biais de grands travaux d’infrastructures. Celui-ci revoit toutefois les ambitions du gouvernement libéral de Justin Trudeau à la baisse, en jouant de prudence en termes de dépenses. L’argent manque, en effet, dans les coffres de l’Etat, avec une économie qui se redresse lentement et un déficit public de 23 milliards de dollars canadiens (16 milliards d’euros) pour l’exercice clos le 31 mars.
De plus, il s’inscrit dans un contexte d’incertitude marquée par la nouvelle donne politique américaine, plusieurs décisions attendues du président Donald Trump en matière économique (baisse d’impôts, commerce bilatéral) projetant une ombre sur le futur des relations commerciales canado-américaines.
Les signes de redressement sont encourageants
M. Morneau avait déjà cette année une marge de manœuvre réduite. Si l’économie canadienne montre des signes encourageants de redressement, la croissance du produit intérieur brut (PIB) s’est limitée à 1,4 % en 2016, notamment à cause de la faiblesse des prix des matières premières, et ne serait que de 1,9 % pour 2017, selon les prévisions. Le budget précédent, avec son plan d’infrastructures et des baisses d’impôts pour la classe moyenne, a creusé le déficit. A 23 milliards de dollars canadiens, il est à plus du double du « modeste » déficit de 10 milliards par an sur trois ans que promettait M. Trudeau avant son élection fin 2015 ! Pour 2017-2018, le gouvernement prévoit lui-même un déficit de 28,5 milliards de dollars canadiens.
« Le Canada a une très bonne situation fiscale », affirme néanmoins M. Morneau, avec un niveau d’endettement par rapport au PIB qui – à 31,5 % – demeure selon lui le plus enviable des pays du G7.