En Toscane chez une viticultrice québécoise
Quand il fait froid sur Montréal, quoi de mieux que de songer à la douce Toscane où j’ai fait un saut de puce en octobre dernier !
De Florence, je n’ai rien vu que sa gare ferroviaire, entre deux trains empruntés grâce à un laisser-passer de Rail Europe. De la Toscane, j’ai vu des paysages magnifiques en train avant de débarquer à la petite gare de Firenze, au sud de Florence. Paula Cook m’y attendait pour me ramener chez elle, près du village de Gaiole. Petites routes sinueuses dans la campagne; coteaux et collines verdoyantes avec des vignes partout… Le Miccine est son domaine: une jolie villa de pierre au bout d’une allée de cyprès, accrochée au flanc d’une colline et tout autour sur les pentes des rangs de vignes à perte de vue sur sept hectares, en plein cœur de la région du Chianti Classico. La maison abrite des chambres d’hôtes tout confort avec le chais à l’arrière. C’est le temps des vendanges et je ne manquerai pas de mettre la main à la pâte entre deux interviews ou séances de photos, me rappelant tous ces automnes du bordelais où, durant mes études universitaires, je passais au moins deux semaines à travailler aux vendanges.
Paula Cook, 29 ans, en est à sa quatrième année au Miccine, ancienne ferme tricentenaire ayant viré en vignoble de Chianti dans les années 1960. Après des études en agriculture à l’université McGill à Montréal, elle songe à se spécialiser en plantes médicinales mais son goût pour le vin, développé en famille, prendra vite le dessus. Née de père écossais et de mère italienne, elle passe tous ses étés chez des parents en Toscane. Après une maîtrise en viticulture et œnologie en Europe, elle travaille un peu en France avant que mûrisse l’idée d' »être vigneronne ». Elle se tourne naturellement vers l’Italie et le chianti classico toscan. Ses parents investissent dans le domaine où elle s’emploie à parfaire des « vins de terroir avec cépages italiens, une petite production bio de vins doux et élégants ». L’assemblage, « question de palais et de nez », est un art qu’elle maîtrise et adore !
Le marché peut bien être saturé en Italie, elle-même vend sa production à 95% à l’exportation, en Suisse, Allemagne, en Chine et évidemment un peu au Québec. Les Québécois de passage, au gîte ou à la boutique, sont bienvenus « pour vivre le rêve avec nous » au moment des vendanges comme pour la mise en bouteilles ou l’étiquetage.
Paula Cook est une vraie artisane qui pratique la vendange à la main « pour éviter l’oxydation par écrasement du raisin qui donne plus de sulfites au vin ». L’herbe court entre les rangs pour prévenir l’érosion sur les pentes et maintenir la concurrence avec les vignes. Moins vigoureuses, explique-t-elle, celles-ci donnent des grappes de raisin plus petites, donnant un jus plus concentré et une meilleure qualité. Les ceps ont aussi moins de feuilles gardant du coup moins d’humidité, ce qui permet de mieux contrôler les maladies.
La conversion en bio du vignoble nécessitant quatre années, il devrait avoir sa certification cette année. Paula apporte un soin particulier aux grappes, scrutées à la loupe par elle et ses vendangeurs, en enlevant les grains pourris à la main. La région est bonne pour la production du chianti, ajoute-elle, en grande partie à cause du phénomène d’excursion thermique – forte différence de température entre jour et nuit – qui favorise la production des arômes.