À Montréal, le basket est une porte de sortie du ghetto
Ne vous empêchez pas de rêver ! » L’injonction fait la « une » d’une revue affichée à l’accueil de l’école secondaire Jeanne-Mance de Montréal. Des rêves, les participants de cet établissement au programme « Bien dans mes baskets » n’en manquent pas. Dans cette école de 970 élèves dont 60 % sont issus de milieux défavorisés, l’opération profite chaque année à une centaine d’adolescents, souvent en grande difficulté d’apprentissage et de comportement. C’est leur bouée de sauvetage pour sortir d’un engrenage maléfique et leur ouvrir une porte vers de nouveaux rêves, sportifs ou académiques.
Martin Dusseault, travailleur social en milieu scolaire, est à l’origine du projet, l’une des best stories du prochain Forum Educasport. « Avant 2001, nous avions beaucoup de mal à rejoindre les adolescents en difficulté des communautés noires du quartier, haïtiens et africains, se souvient-il. L’école fermait à 15 h 30 et les jeunes traînaient dans la cour. Certains jouaient au basket, associé à la culture hip-hop. Un jour, je suis sorti avec mon ballon pour jouer avec eux. » Il s’est alors rendu compte de l’impact positif que cela avait sur ses relations avec les jeunes dans l’école, puis il est devenu entraîneur. Rapidement, les joueurs lui ont confié leurs problèmes, en tête-à-tête dans son bureau. « Ils me voyaient comme quelqu’un de confiance et non plus comme un travailleur social, assure-t-il. J’ai compris que le basket permettrait d’établir un lien significatif avec des ados en difficulté et de faire de l’école un milieu de vie. »
Le programme « Bien dans mes baskets » s’est développé petit à petit dans l’école, en dehors des cours. « On a même réussi à faire ouvrir le gymnase le midi, les week-ends et durant les vacances scolaires », précise Martin Dusseault, qui coordonne une petite équipe de travailleurs sociaux et bénévoles (dont d’anciens élèves) pour l’encadrement et l’entraînement.